l’embellie

(d’habitude je relis toujours à voix haute avant de poster, là j’ai juste, en plus, cliqué sur « enregistrer »)

Quand, ce vendredi soir-là, la médecin m’avait rappelée pour me dire qu’il fallait que j’aille aux urgences, j’étais assise face à la baie vitrée en train de boire du thé et de manger des cookies à la noix de coco avec K., alors la seule chose que j’avais trouvé à répondre, vraiment, c’était : « mais euh… maintenant ?! », parce que continuer à bavarder joyeusement me semblait plus important qu’à peu près tout le reste. C’est drôle comme, quand on est au cœur des choses, on ne les mesure pas, drôle de se rendre compte à quel point elles nous dépassent. Alors un peu plus tard, j’écrivais au garçon d’à côté de ne pas s’inquiéter mais que je rentrerais après ce qui était prévu, alors encore plus tard je me disais qu’avec un peu de chance j’attraperais bien le dernier métro, alors toujours plus tard en étant en train d’envisager de prendre un taxi, je comprenais que je ne dormirais pas dans le radeau, ni cette nuit-là, ni la suivante, ni la suivante suivante, et caetera.

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de beaucoup de désir et d’un peu de peur

janvier
Je me réveille ce matin en pensant, c’est comme des poupées russes, un post dans un post dans un post, des morceaux d’écriture déjà datés voire périmés, des bouts de trucs, des fragments de choses, des tentatives interrompues.

*

décembre
J’écris depuis ces jours d’entre-deux, d’entre-fêtes, depuis l’entre-lieux qu’est le train. Sur la table à côté de moi, il y a le thermos que j’ai offert à mon amoureux pour Noël et qui dit garçon d’à côthé (et ses yeux quand il l’a sorti de la boîte, aah) et nous faisons des tests depuis quelques jours pour voir combien de temps l’eau y reste chaude. Mais ici, ah oui ici, le thé a refroidi, trop de temps que je ne suis pas venue y décalquer la vie. C’est qu’à un moment, je n’ai plus su écrire, et puis quand j’ai eu réappris, tout petit à petit, j’ai eu l’impression qu’il était trop tard pour ces mots, que déjà il fallait passer à autre chose. Mais je me dépêtre avec les il faut, je m’y emmêle et ce sont des lassos, je tire sur les cordes, sur la corde et je fatigue, alors tant pis, je vous raconte un samedi matin de novembre comme vous (si vous êtes encore là ?) en avez déjà sans doute lus tant, et puis un peu autour, un peu après, pour pouvoir aller, en 2016, infiniment et résolument, de l’avant.

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ce qui gronde

22h18 ; si je regarde les choses en face, mon train pour Lyon est dans un nombre d’heures ridiculement petit, l’appartement dans un drôle d’état, mon sac évidemment pas fait, mon intervention de dimanche pas prête, et je sens la fatigue dans mes pieds mon ventre mes yeux. Pourtant, la priorité absolue qui m’apparaît maintenant est bien de me mettre à écrire ici, accompagnée d’un curry végane et d’un verre de vin rouge. Régulièrement, le garçon d’à côté me demande si ce que je suis en train de faire est bien la chose la plus urgente – il le demande sur un ton bienveillant, juste pour m’éviter des accès de panique – et régulièrement, ce n’est pas le cas ; pas la plus urgente en tout cas comme l’entendrait mon travail, mes échéances professionnelles, mes projets en cours ; mais la plus urgente et la plus vive pour mes doigts mon souffle les pulsations de mon cœur, dans l’ici à deux pieds joints, et cela ne compte-t-il pas autant, voire plus ?

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