au bout des champs à tout bout de chant

(en version audio enregistrée dans la nuit)

Dernier matin du Queyras, la biche nous fait l’honneur de paître dans le champ sous nos fenêtres, et les chiennes acceptent de ne pas aboyer pour ne pas l’effrayer. Nous profitons de ces quelques minutes à l’observer au milieu des gentianes jaunes, la montagne en fond, le bois de la terrasse sous nos pieds, les tasses à la main. Il s’agit de suspendre le temps avant de vite vite finir les bagages, vite pas si vite se séparer, vite vite redescendre dans la vallée et la chaleur, vite vite presque rater le train et retourner à la vie où l’écriture a du mal à être au centre alors que là, elle avait trouvé sa place dans les journées, s’était immiscée partout, et c’est le reste qui s’était construit autour. Je sors de ces cinq jours de stage ébouriffée, sans avoir touché au texte emporté dans mes bagages, sans même y avoir pensé en vérité, mais avec un tout autre début et des bribes d’une histoire. C’est que les mots, toujours, emmènent là où il faut. Je sors de là émue d’avoir enfin rencontré celles dont J. me parlait depuis que je la connais, touchée par ces participantes et le groupe qui fait groupe, justement, petit à petit. Les textes de chacune, les voix pour les porter, le carnet commencé exprès à cette occasion se remplit au feutre noir de noms que j’ignorais et de concepts qui m’étaient jusqu’alors étrangers. Au retour et dans les jours qui suivent, il y a plein de petits clins d’œil que j’aimerais partager et des discussions non terminées qui me reviennent, et je me doute déjà que moi aussi, je reviendrai.

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