les vies denses ou l’évidence

Une nuit, on a changé d’heure, et depuis, le soleil s’est mis à se coucher en face de la baie vitrée de l’appartement d’à côté, une certaine idée de la perfection. Est venue petit à petit l’heure de ces premières fois que le printemps nous souffle, premier pique-nique abrités du vent derrière les dunes normandes, première sieste dans l’herbe et premier nid, cette façon d’appeler la trace que nos corps laissent dans les champs des Hautes-Alpes, premier coup de soleil, et le lendemain avant de prendre la route et de tendre le pouce, je passe à la pharmacie acheter un petit tube de crème solaire, première nuit passée la fenêtre ouverte, sans même avoir froid le matin, premier apéro sur la terrasse clandestine, au retour du travail et de tellement d’heures de cours que je me mélange les doigts pour les compter, enjamber le velux et se faire passer les bières, s’enrouler dans les plaids et regarder la ville depuis ses toits ; une autre fois, la voix qui devient rauque dans la température qui tombe, les verres de vin que le vent fait tanguer, oh, trois fois rien, mais un plaid taché. Première tisane glacée, vous reprendrez bien une tasse de bella vita, ça ne s’invente pas.

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