comme quoi

Je repense à cette phrase assénée mille fois sur les gens heureux et sans histoires, mais je dois me rendre à l’évidence : quand je suis triste, je suis bien en peine de raconter quoi que ce soit. Peut-être que l’écriture a changé, que son but n’est plus le même, depuis toutes ces années. À un moment sans doute, c’était plutôt ça, les mots comme un sauvetage, mais lentement ça s’est transformé. Les mots comme quoi, maintenant ? Les mots, comme quoi.

Mi-avril de retour de six semaines sac au dos, je pousse la porte de l’appartement d’à côté pour y trouver des surprises alignées les unes à côté des autres. On avait laissé les clés aux copains de passage, un à un, ils les ont échangées contre des tablettes de chocolat, des paquets de thé et des mots doux qui disent comme toujours la joie des amitiés. À ça, s’ajoutent des cartes postales des ailleurs, et voilà une belle manière d’adoucir un retour.

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comme les autres avant

Sans doute que vite, bientôt, pas loin, j’oublierai ce début 2017 un peu casse-gueule, j’oublierai les nuits à cogiter en regardant le plafond, les larmes qui débarquent sans raison et l’envie de me rouler en boule sous la couette trop souvent, les nœuds dans les cheveux le dos le ventre, et tout ce qui rend les journées un peu trop compliquées. J’oublierai les prises de sang, les mille questions sur ce qu’on fait et où et à quoi bon si, les silences étouffants, les habitudes à prendre, et celles qu’on voudrait enfin faire exploser et réduire en miettes mais qui résistent. C’est comme si la joie quelque part s’était égarée. Enfin bien sûr pas complètement, c’est juste que ça tangue fort, ça n’était pas arrivé depuis tellement longtemps. Je dis, n’empêche, ça renforce encore l’idée que d’habitude, ça va, et oui, d’habitude, c’est doux d’avancer, dans les jolis défis du quotidien, c’est joyeux de tisser des liens entre les mondes et les gens et de construire la vie comme ça, d’avoir la chance de faire ce qu’on croit bon et porteur de sens. Là, c’est tout atténué, tout tiraillé, mais bien sûr, vite, bientôt, pas loin, ça va se remettre à vibrer.

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j’ai accumulé tant de gaité

10 janvier

Nous avons posé nos sacs pour trois jours dans le Diois dans une maison en bois dont j’aime chaque détail, chaque lampe, le piano droit, la boîte à musique en guise de sonnette, le robinet de la salle de bains, le futon dans la chambre, la couleur de la brique au sol, l’immense bureau. Une bouteille de vin est ouverte et nous prenons les repas à la table devant la grande fenêtre. Nous la débarrassons ensuite et nous y installons nos ordinateurs et nos carnets, la petite vie des travailleurs volontairement délocalisés – chance immense, nous jonglons entre les beaux projets. C’est que 2017 s’annonce pleine, encore, du point de vue de la vie.

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