Samedi 15 août, je me réveille quelques heures avant A. sous de la pluie dont je pense qu’elle ne devrait appartenir qu’à novembre, je lis un peu dans les draps orange, un roman ado conseillé par Ana pendant notre vadrouille d’été et que j’ai trouvé la veille à la bibliothèque, pour prolonger le goût des vacances, et puis quand il pleut vraiment trop, je ferme les velux et il fait maintenant noir, alors je descends dans le salon et m’installe dans le fauteuil rouge. Quand A. se lève plus tard, on fait une liste qui commence par c’est un temps à… à bouquiner donc, à cuisiner des choses réconfortantes – au four, des aubergines farcies au riz aux épices et plus tard, des cookies moelleux à la banane, à écouter Imbert-Imbert, Biolay ou Delerm, à regarder des films tristes, à écrire enfin, ou à rêvasser en buvant du thé, peut-être bien. Un temps à faire des listes de c’est un temps à. Un temps à s’encocooner, certainement. Et soudain, j’aime ces trombes d’eau, ce mauvais temps qui me pousse à en prendre du bon, à rester à l’appartement alors que depuis que je suis rentrée de la vadrouille estivale, je n’y ai pas passé beaucoup de temps éveillée. Du travail par-dessus la tête et de tous les côtés.
les mots sur les bords de routes sont des poèmes
L’été morcelle les mots, je les embarque dans mon sac à dos, bons baisers de vadrouille, je vous écris d’ici alors que je n’y suis déjà plus, de là alors que je n’y suis pas encore. L’espace-temps ces jours-ci a des airs d’infini. Alors quelque part dans la fin du mois de juin, j’ai écrit des bouts de posts qui sont restés dans un document trimballé depuis d’un ordinateur à un autre, en attente de. Depuis la table de la cuisine (finalement non) de ma chère Lotte, alors qu’elle est absente pour la journée et que j’attends de continuer à la retrouver, je rassemble ce qui m’a ressemblé, à un moment, même si tout cela semble bien loin déjà.
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l’oiseau
J’ai un peu bougé le grand fauteuil bordeaux pour être contre la baie vitrée et voir le soleil se coucher quand je lève le nez de mon livre, et, puisque je lis jusqu’à tard, voir aussi le ciel qui prend ses teintes nocturnes et la ville qui s’allume doucement.
La fenêtre est ouverte, j’ai un plaid sur les genoux, on entend un groupe de personnes chanter joyeux anniversaire en applaudissant, je ne sais pas de quelle terrasse ça vient, d’où je suis, je ne les vois pas, je me replonge dans mon bouquin. Je me réconcilie avec Claudie Gallay en lisant L’amour est une île, en inspirant une bouffée d’été avant l’heure, quelques images d’Avignon. Je me souviens que dans une autre vie, si je ne m’étais pas fracturée la cheville dans une stupide chute à vélo lyonnaise, j’aurais passé le mois du festival à vendre des cornets de glace, j’aurais campé et aidé M. à tracter, peut-être, parfois. Je me demande comment va M., où elle est d’ailleurs, si elle passe quelquefois par ici, et si elle a coupé ses cheveux depuis ce restaurant indien.