C’est M. un samedi matin, alors que nous assistons à une rencontre d’autrices ensemble, qui me retient par le bras pour me demander, mais toi ! Tu as abandonné ton blog, ou quoi ? Et c’est vrai que j’ai du mal à me souvenir du dernier post écrit. L’envie pourtant est là, en grand, à cette rencontre justement où j’écoute parler des femmes de ce qu’elles écrivent et de comment elles le font, ou lorsque je passe devant une librairie, ou que je rédige une note de lecture pour un manuscrit que je viens de terminer, ou que j’écoute Bertrand Belin ou Dominique A. L’envie est là tout le temps, mais toujours grignotée par le reste. Je repense à V. qui devant la baie vitrée de l’appartement, disait : mon problème, c’est que je n’ai pas assez de temps pour voir tous les gens que j’aime. Et c’est tellement ça. Est-ce qu’un jour, j’arriverai à avoir assez le temps des choses qui me tiennent à coeur, à l’avoir ou à le prendre, qu’en sais-je, c’est que j’ai pourtant l’impression de ne pas tellement traîner, mais d’avoir aussi besoin de ces quelques moments de rien, seule sur le canapé devant le ciel, minutes à regarder le dehors sans avoir envie d’y mettre les pieds. Un dimanche comme ça, je lis les 480 pages d’un roman de Delphine de Vigan d’une traite, ce bouquin qui me happe complètement, le garçon d’à côté est là et je sais que nos heures ensemble ne sont pas si abondantes mais je n’arrive pas à faire autre chose, j’aime le savoir juste là et le retrouver entre deux chapitres, mais j’ai trop besoin de cette vie intérieure qui depuis quelques semaines semble avoir disparu, tant il y a eu de rencontres denses, d’événements enchaînés et de journées pleines.