comme les autres avant

Sans doute que vite, bientôt, pas loin, j’oublierai ce début 2017 un peu casse-gueule, j’oublierai les nuits à cogiter en regardant le plafond, les larmes qui débarquent sans raison et l’envie de me rouler en boule sous la couette trop souvent, les nœuds dans les cheveux le dos le ventre, et tout ce qui rend les journées un peu trop compliquées. J’oublierai les prises de sang, les mille questions sur ce qu’on fait et où et à quoi bon si, les silences étouffants, les habitudes à prendre, et celles qu’on voudrait enfin faire exploser et réduire en miettes mais qui résistent. C’est comme si la joie quelque part s’était égarée. Enfin bien sûr pas complètement, c’est juste que ça tangue fort, ça n’était pas arrivé depuis tellement longtemps. Je dis, n’empêche, ça renforce encore l’idée que d’habitude, ça va, et oui, d’habitude, c’est doux d’avancer, dans les jolis défis du quotidien, c’est joyeux de tisser des liens entre les mondes et les gens et de construire la vie comme ça, d’avoir la chance de faire ce qu’on croit bon et porteur de sens. Là, c’est tout atténué, tout tiraillé, mais bien sûr, vite, bientôt, pas loin, ça va se remettre à vibrer.

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j’ai accumulé tant de gaité

10 janvier

Nous avons posé nos sacs pour trois jours dans le Diois dans une maison en bois dont j’aime chaque détail, chaque lampe, le piano droit, la boîte à musique en guise de sonnette, le robinet de la salle de bains, le futon dans la chambre, la couleur de la brique au sol, l’immense bureau. Une bouteille de vin est ouverte et nous prenons les repas à la table devant la grande fenêtre. Nous la débarrassons ensuite et nous y installons nos ordinateurs et nos carnets, la petite vie des travailleurs volontairement délocalisés – chance immense, nous jonglons entre les beaux projets. C’est que 2017 s’annonce pleine, encore, du point de vue de la vie.

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la folle allure

Régulièrement, je me dis que je devrais venir écrire plus souvent ici. Il y a trop à retenir dans mon coeur engourdi. Sans doute le train est-il le meilleur endroit depuis lequel raconter la vie sur ces pages-là, alors que je quitte de belles choses pour en rejoindre d’autres, tout aussi belles ; c’est dingue ce mois d’octobre, et toute la joie qui l’attend. Fin septembre, je me fais la réflexion, ô combien originale, que tout va tellement vite, comme ce titre de Bobin, la folle allure. Parfois, j’ai des bribes des jours précédents qui me reviennent brusquement, et que je n’ai pas eu le temps d’assimiler. C’est comme si je me réjouissais une nouvelle fois des choses parce que je les ai oubliées tant j’ai dû passer rapidement à la suite : c’est une chanson émue qu’on commence à travailler à la chorale, c’est une proposition d’atelier pile-pile-pile-pour-moi, c’est un mail d’une amie chère avec qui pourtant on ne s’écrit pas souvent qui a pour objet le prénom d’un enfant, suivi un point d’exclamation, et ma bouche fait pareil quand je le vois apparaître dans ma boîte mail : un point d’exclamation.

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