la saison des taches de douceur

Un dimanche après-midi, je reçois dans ma boîte mail les textes des enfants d’un atelier d’il y a deux mois en Normandie, textes qu’ils ont repris, tapés, et mis en page, et j’adore ce cadeau : tout ce temps passé entre cet atelier-là et ce dimanche après-midi-ci m’avait fait oublier une partie des mots, alors je m’y replonge avec plaisir. Depuis, ce n’est ni les mêmes publics ni les mêmes endroits, mais il y a quelque chose néanmoins qui a bougé ; c’est, dans un collège, un grand ado dégingandé qui écrit je me souviens de quand on pouvait prendre le métro sans avoir peur d’y mourir dans une explosion, pendant un oral où je demande à la petite de 8 ans s’il y avait un lieu qu’elle aimerait visiter dans le monde, avant c’était Paris mais maintenant j’ai peur, dans mes ateliers sur Magritte juste après, Magritte, tu es surréaliste mais aujourd’hui la vie te copie. C’est à un rendez-vous d’écriture, une jeune femme qui lit un texte sur ce 22 mars, alors que j’étais moi aussi autour de la même table en train d’en écrire un autre, et je me demande combien nous sommes dans ce groupe à avoir parlé de ça. Je me demande combien de temps ça hantera, combien de mots ça viendra prendre, combien de respirations.

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